dimanche 22 juillet 2012

Nous interrompons ce programme

Nous interrompons ce programme pour un message d'intérêt général : nous avons acheté notre future maison. Vous pouvez la voir ici.

Tenez compte du fait que les agents immobiliers utilisent maintenant des objectifs grand angle, de façon excessive à mon avis, ce qui fait que les pièces qui semblent immenses sont en fait seulement très grandes. Nous habiterons dans un quartier tranquille situé dans la partie nord de Blainville. Nous passons d'environ un peu moins de vingt minutes de la sortie 45 à un peu moins de dix minutes de la sortie 28. Nous avons remplacé le joli lac par une piscine. Nous aurons cinq chambres à coucher… amenez-en, d'la visite ! Et il nous sort de l'espace de rangement par les oreilles.

Ce fut tout une saga.

Nous avons visité une bonne douzaine de maisons.

Nous sommes notamment tombés amoureux d'une maison dans Lorraine, que ses propriétaires avaient achetée pour investir leur temps et leur travail et la revendre à profit. Ils y avaient installé une cuisine, un séjour et des salles de bain superbes, matériaux et design ultra-modernes. Ils ont manqué d'argent et la maison a été saisie par la banque. Le prix demandé, 345 000 $, bien en-deça de la valeur réelle de la maison, était à l'extrême limite de notre budget. Nous aurions pu oser le pari. Il aurait fallu investir à notre tour une bonne somme pour corriger les problèmes restants : de l'ocre ferreuse dans le drain français, un sous-sol humide et sale et sombre, un terrain un peu négligé. J'avais eu un tel coup de foudre que Roger voulait foncer. Et puis Excel s'est mis de la partie. J'ai monté une feuille de calcul, pour en arriver à des dépenses mensuelles de 800 $ supérieures à notre train de vie actuel. Nous aurions vécu pour payer la maison, dans l'espoir de profiter de notre investissement dans… disons, cinq ans, dix ans ? Qui sait ce qui peut arriver à l'économie pendant ce temps ? Et à nous ? Je ne sais pas si vous avez remarqué mais nous sommes moins jeunes que nous l'étions. Nous avons refusé le pari. Sans vraiment avoir de regret, en fin de compte.

Au fil des jours, nous avons ensuite visité :
  • une maison tout près de chez des amis, à Lorraine ; refusée parce qu'elle nous semblait surévaluée (300 000 $) et aussi pour cause d'excès de travail et donc de dépenses, sous-sol humide à défaire et refaire, etc. ;
  • une maison à deux étages, avec deux très grandes chambres en haut  ; refusée, finalement, parce que l'aménagement de la deuxième grande chambre, en quartiers séparés pour le fils vivant avec ses parents, aurait rendu la maison difficile à revendre, sans compter qu'il fallait travailler sur le sous-sol ;
  • une autre maison à deux étages, celle-là avec un solarium (un solarium, c'est ma faiblesse) ; refusée parce que trop chère pour le travail additionnel à faire, sous-sol, etc. ;
  • une autre maison à deux étages, dans nos prix, celle-là, avec un terrain intéressant et une fort jolie piscine creusée ; nous nous sommes même rendus jusqu'à faire une promesse d'achat, malgré certaines hésitations relativement à la grandeur de la chambre principale, qui nous aurait forcés à changer de mobilier de chambre ; le propriétaire nous a fait une contre-proposition peu intéressante, à laquelle nous n'avons pas donné suite, avec soulagement, en fait.  
Entre-temps, la maison que nous avons finalement achetée était arrivée sur le marché, à 294 900 $ ; le temps de faire les autres visites que nous avions envisagées et de demander à Chantal, notre agente, de nous obtenir une visite pour celle-là, pffft, elle était vendue ; et pffft, elle est revenue sur le marché quelques jours plus tard, un des acheteurs ayant échoué à obtenir son financement ; nous l'avons visitée, et nous en sommes sortis décidés à l'obtenir. Une construction de qualité, des améliorations faites, au fil des ans, par le propriétaire lui-même, qui travaille dans la construction et a fait partout du très beau travail, dit Roger qui s'y connaît quand même un peu. En partant, nous avons demandé aux propriétaires si on pouvait leur présenter une offre le même soir. Lui a fait un peu la grimace, il jouait au soccer ce soir-là, comptait rentrer tard… nous nous sommes entendus pour lui présenter notre offre le lendemain. Nous sommes allés discuter avec Chantal de l'offre que nous ferions, rempli tous les papiers, et nous sommes rentrés dormir, plutôt optimistes. Le lendemain matin, elle nous a informés qu'elle avait rendez-vous pour présenter notre offre à 19 h 30 ce soir-là.

Durant l'après-midi, étant donné que le financement est un atout qui joue en notre faveur, nous nous sommes occupés à obtenir des preuves que nous serons capables de payer comptant. Jean-François le Généreux a fait toutes les démarches pour virer de l'argent dans notre compte. Une préposée à  la Caisse Desjardins de Saint-Jérôme nous a obtenu une lettre attestant que nous avons les fonds. Nous étions parés.

Croyions-nous.

Mais y en n'aura pas de facile ! Vers 19:10, le téléphone sonne, c'est Chantal, que l'agente des vendeurs vient d'informer qu'il y a eu une autre visite en fin d'après-midi et que ces gens-là sont très intéressés, au point qu'ils ont déjà préparé une offre et vont la présenter après nous. Elle nous avertit un quart d'heure avant notre rendez-vous !

Ça change la donne ! Il est évident qu'il n'est plus question de présenter une offre sous le prix demandé pour négocier et arriver à un prix mutuellement satisfaisant. Des gens qui font une offre immédiatement, en sachant qu'il y a une autre offre à venir, vont la jouer serrée.

Nous allons retrouver Chantal en vitesse. Elle a pris la précaution de faire reporter le rendez-vous pour que nous ayons le temps de modifier notre offre. C'est une partie d'échecs. Combien offriront-ils ? Probablement le prix demandé. Peut-être un peu plus. Nous aussi donc, un peu plus qu'un peu plus : 301 000 $ (1000 $ de plus que 300 000 $). Que pouvons-nous faire d'autre ? Un prix supérieur au prix demandé… le financement certain… nous décidons de laisser tomber l'inspection. Roger se sent sûr. Notre offre est sans condition.

Le rendez-vous est à 21 h 30. À 21 h 10, tout est prêt, tout est signé. Chantal part présenter notre proposition. Elle est aussi nerveuse que nous, je crois. C'est incroyable comment cette femme-là « prend » pour ses clients. Elle veut vraiment obtenir cette maison pour nous. Nous nous rendons non loin de la maison pour attendre le résultat. Roger est pessimiste : non, il ne la « sent » pas, dit-il. À 21 h 50, un appel sur mon cellulaire. C'est Chantal.

– Venez me retrouver.
– Où ?
– Dans votre nouvelle maison, répond-elle, triomphante.

Elle nous a raconté par la suite qu'elle avait présenté notre offre en disant que c'était la première fois, en huit ans de carrière, qu'elle arrivait à une proposition avec la petite affiche rouge VENDU. Parce que si les vendeurs acceptaient notre offre, qui était une offre sans condition, sans besoin de vérification du financement, leur maison serait vendue DRETTE LÀ. Ils écoutaient sans un mot. « Eh bien, dites quelque chose ! » a-t-elle dit. Leur agente leur avait probablement fait la leçon, ne rien dire de compromettant. « Dites quelque chose ! » a répété Chantal. Et leur agente, qui savait que notre offre était la meilleure, a dit : « vous pouvez parler si vous voulez ». Et ils ont dit oui.

Nous quittons Sainte-Sophie le 14 août. Nous emménageons à Blainville le 15 septembre. Entre les deux, nos meubles iront en entrepôt et nous, nous serons sans abri. Entre enfants et amis, je crois bien que nous ne coucherons pas souvent à la belle étoile.

Une bonne affaire de faite. J'ai hâte de vous y recevoir.